2021: Maigre, A. (2021). « L’aumônerie catholique en milieu sportif, un nouveau ministère ? », Les Cahiers de l’ILTP, mis en ligne en novembre 2021 : 6 pages.

Les Cahiers de l'ILTP - Alessandra Maigre - 2021

L'aumônerie en milieu sportif devrait tenir compte des 4 éléments suivants :

  1. Sport comme un lieu de spiritualité. Le document du Vatican nous a montré que le milieu sportif porte en lui des enjeux anthropologiques existentiels profonds. Dues à une très forte sollicitation physique et psychique, certaines situations du sport professionnel peuvent déboucher sur des questions d’ordre spirituel. Une autre piste est également de tenir compte des nouveaux lieux du sport ou de l’activité corporelle que peut être tout ce qui touche à la culture du bien-être et aux approches holistiques, au sport de rue, aux médias sportifs, électroniques. Partant de ce constat, il me semble important que l’Église offre un service d’aumônerie qui mette à disposition des « répondants » spirituels pour les personnes qui en ont besoin, que celles-ci soient croyantes ou non. L’Église devrait donc offrir une présence spirituelle spécifique et particulière dans les lieux extraecclésiaux où elle peut apporter une « valeur ajoutée » fondée sur l’Évangile. En tant que « champ pastoral particulier » dont la spécificité est d’être tant un instrument qu’un lieu d’engagement de la pastorale, le milieu sportif ne pourrait-il pas figurer au nombre des domaines de la pastorale catégorielle ?
  2. Formation des aumôniers en milieu sportif. Il est important de proposer des personnes formées théologiquement, mais qui ont également une connaissance du contexte sportif. Une offre de formation spécifique sur le sport serait donc nécessaire. Ce milieu serait une opportunité d’envoyer des laïcs formés qui de par leurs charismes et leur expérience auraient déjà une connaissance du milieu sportif et seraient potentiellement plus « en prise avec lui ». Cela pourrait donner lieu à un nouveau ministère laïc original et authentique de l’Église en sortie. C’est par les laïcs que l’Église peut actualiser la mission chrétienne et faire voir l’actualité du message chrétien dans différents lieux de la vie quotidienne « ordinaire ».
  3. De même que pour la formation, le travail en réseau est fondamental pour une action pastorale « décloisonnée ». L’accompagnement n’en sera que plus fécond si l’Église et les aumôniers sportifs s’accordent avec les différents acteurs du sport (institutions sportives, clubs, dirigeants, entraîneurs, mais aussi et tout particulièrement les psychologues sportifs). Les laïcs peuvent constituer les agents d’une mise en réseau entre l’Église et ces lieux séculiers. Le réseau résulte également d’une nécessité de tenir ensemble des domaines spécialisés. De la même façon que je suis convaincue qu’un avenir ecclésial passe par l’offre de lieux pastoraux diversifiés et donc spécialisés, de même l’aspect communautaire et communionnel de l’Église ne peut pas être dilué dans une « dispersion » pastorale, mais doit être repensé et réorganisé en termes de « réseaux ».
  4. Ouverture œcuménique et interreligieuse. Le sport se déployant dans un contexte séculier, qui, comme l’Église, vise à une certaine « catholicité », une universalité au-delà des différences culturelles (par ex. esprit olympique), l’aumônerie en milieu sportif me semble une opportunité pour une ouverture au dialogue œcuménique et même interreligieux (par exemple, dans le cas du « Multifaith center » présent aux Jeux Olympiques). Cela pourrait aussi être une opportunité de repenser les modèles ministériels et ecclésiaux dans une approche œcuménique mettant en avant la valeur de la vocation chrétienne baptismale au service de toute vocation humaine pour reprendre les termes de Christoph Théobald.
Publié-e: 24.12.2021